Un environnement, une santé

 

Quels sont les bienfaits du climatisme ?

Depuis très longtemps, on avait remarqué qu’un air sec aidait les personnes souffrants de maladies respiratoires. Et à l’inverse, les endroits dans les villes où l’habitat était mal aéré et très humide -ce qui était encore plus vrai avec des bâtis anciens, était associé à une mauvaise santé respiratoire. Dans beaucoup de pays, on avait repéré des endroits où l’air était sec et où les patients se portaient mieux sur un plan respiratoire. Globalement, en France, il s’agit de la zone climatique délimitée du Briançonnais et de la région autour de Font-Romeu (la Cerdagne), des endroits d’altitude où l’air était sec. Tout d’abord favorable pour soigner la tuberculose, cet environnement s’est avéré excellent pour traiter l’asthme.


En quoi l’environnement de la Guisane est propice pour la lutte contre les problèmes respiratoires ?

Avant les problèmes de pollution plus actuels, le sujet d’intérêt était les acariens. Il y a une étude très connue du Pr. Charpin, qui avait mesuré la concentration d’acariens par gramme de poussière dans les matelas à Marseille et à Briançon. La différence était tout à fait importante et il l’avait corrélé à la prévalence de l’asthme à Marseille et à Briançon, en montrant que les asthmatiques était beaucoup plus nombreux à Marseille.
Parfois, un lieu commun qui est faux, est qu’il y a moins d’acariens à la montagne parce que l’air est froid mais c’est en réalité parce que l’air est sec. C’est particulièrement vrai pour les Hautes-Alpes, qui bénéficie d’un climat particulier. Il n’y a qu’à se promener en Haute-Savoie où en Isère et passer les barrières climatiques comme le col du Lautaret pour se rendre compte que l’environnement haut-alpin est beaucoup moins vert, parce que situé sous les vents dominants et très ensoleillé. Cela crée un climat sec très important pour que les acariens ne prolifèrent pas, et également par rapport aux moisissures qui peuvent exister mais sur une durée très courte. Nous sommes sur un climat alpin où l’été, nous pouvons avoir une saison des pollens de graminées (sans pollen de bouleau) assez intense mais principalement sur le mois de juillet et très courte.

Comment les différents types de pollutions aggravent-ils l’asthme ?

Le problème de la pollution est un sujet qui est allé en augmentant. Il y a beaucoup de formes de pollutions différentes et toutes aggravent l’asthme. Tout d’abord, la pollution aux particules fines qu’on a principalement dans les villes et zones industrielles et qui n’est pas que d’origine automobile. Le chauffage domestique compte beaucoup, l’activité industrielle également ainsi que l’activité agricole qui produit énormément de particules fines. Il y a aussi certaines vallées de montagne où il y a une très forte pollution. C’est une pollution qui est, en théorie, assez locale mais qui peut être transportée par des vents dominants. On sait que l’activité de zones industrielles comme la Ruhr en Allemagne peuvent ramener par vent d’Est des particules fines jusqu’au bassin parisien. On a la chance d’avoir dans le département une faible pollution aux particules fines, ce qui est encore plus vrai pour la Guisane qui est en hauteur et surplombe Briançon. Ensuite, comme autre grand polluant atmosphérique, il y a le dioxyde d’azote qui est beaucoup plus lié au trafic automobile, notamment au diesel. Lui aussi est un polluant de voisinage, et nous avons la chance d’en avoir très peu. Un autre grand polluant est l’ozone qui est le produit d’une réaction chimique, souvent en été puisqu’il faut du soleil. Une de ses caractéristiques est de pouvoir entraîner des zones de pollutions assez déportées par rapport à l’origine des polluants. Dans le bassin parisien par exemple, on retrouve des grands pics d’ozone autour de Fontainebleau et également dans la région PACA Sud, au-dessus de Marseille. A Briançon, nous sommes dans un climat de montagne où il y en a très peu.

Quel projet voulez-vous porter au sein de La Guisane ?

Aujourd’hui, la prise en charge médicale dans un établissement climatique va au-delà du climatisme. Elle s’intègre dans un concept de réhabilitation respiratoire, de par le caractère favorable du climat et de ses spécificités dont l’absence de pollution, mais également par l’éducation thérapeutique et le réentraînement à l’effort. Et, finalement, un environnement positif qui donne envie d’aller mieux et de prendre soin de soi. A titre personnel, je suis attaché à ce concept de réhabilitation respiratoire, notamment par l’exercice physique car je trouve que cet environnement de montagne exigeant et beau est stimulant. L’été, la chaleur est sèche et reste supportable ce qui favorise l’exercice et l’hiver, dans toutes les activités de neige, raquette, ski de fond et autres. C’est un environnement positif pour améliorer un certain nombre de situations, dont bien sûr les maladies respiratoires, mais également les comorbidités comme le surpoids et l’absence d’activité physique.

P. Quignon, P. da Mata, F. Faraj, S. Guibert, A. Bernard, J. Léonardi, A.D. Loundou, J. Vitte, D. Charpin,
Altitude healing effect in severe asthmatic children, Respiratory Medicine and Research, Volume 79, 2021, 100810, ISSN 2590-0412,
doi.org/10.1016/j.resmer.2020.100810.
____________________________________________

Contexte – L’effet bénéfique d’un traitement climatique chez les enfants asthmatiques a été établi il y a assez longtemps, mais le mécanisme de cet effet n’a pas été entièrement élucidé. Nous avons étudié le rôle des cytokines de la voie TH2, des espèces réactives de l’oxygène (ROS) et des espèces réactives de l’azote (RNS) au cours d’une thérapie climatique à haute altitude.

Méthodes – Un groupe de 67 enfants souffrant d’asthme grave et originaires de différentes villes françaises a été envoyé, via leur médecin spécialiste, à Briançon en cure climatique. Ils ont été observés au cours d’une année scolaire entière. Pendant cette période, ils sont rentrés chez eux pendant 15 jours pendant les vacances de Noël. À chaque étape ont été effectués l’évaluation du contrôle de l’asthme, l’examen de la fonction pulmonaire (débitmètre de pointe et spirométrie) et la mesure des NO, ROS et RNS expirés dans les condensats respiratoires expirés (EBC) et le niveau de cytokines dans le plasma de la voie TH2.

Résultats – Le degré de contrôle de l’asthme s’est amélioré à haute altitude et s’est aggravé au retour à leur domicile. La valeur moyenne du débit expiratoire de pointe s’est également améliorée au cours des 3 premiers mois mais s’est ensuite aggravée au retour à la maison, tandis que les autres paramètres spirométriques n’ont pas changé. Le niveau de NO expiré et les scores de qualité de vie ont subi un changement similaire. Le niveau de RNS et de ROS dans l’EBC n’a pas changé de manière significative. En outre, une diminution marquée et statistiquement significative du niveau d’IL-13 et d’IL-10 a été notée.

Conclusion -L’effet bénéfique d’un séjour climatique d’enfants souffrant d’asthme allergique en altitude semble être lié à une moindre stimulation allergique.

Lire plus